Je fermais le tattoo shop. J’étais toujours le dernier à partir. Après tout c’est mon salon… Bien sûr je pourrais exploiter le dernier employé pour le bizuté et le faire finir à pas d’heure, mais la confiance c’est pas trop mon truc… Puis ce shop, j’y tiens énormément. Donc bon, je me plains pas de finir à pas d’heure. La nuit était tombée et j’avais faim. Mais du genre vraiment faim ! Le ventre qui gargouille et qui réclame, les membres qui tressaillent d’impatience, la pupille qui vrille à chaque fois que je croise quelqu’un. Bref, j’avais les crocs !

Heureusement j’avais prévu le coup. J’étais pas parti ce matin sans laisser pendre à mon jean trouer ma lourde chaîne qui me permettait d’attendrir la viande avant de la croquer. Je partis donc du shop, prenant la même route que pour rentrer chez moi. Je vis dans la zone, j’allais bien me trouver un repas digne de ce nom à me mettre sous la dent ! Ici, c’est tellement pourri et déprimant comme zone que c’est pas les dépravés désespérés qui manquent ! J’en fais moi-même parti ! Bon suffit de remplacer désespéré par taré et c’est moi quoi.

Je commençais à râler ! C’est quoi ce bordel ?! Il est encore tôt et personne dans les rues ?! C’est quoi c’te blague toute pourrie ! Ça allait me gâcher ma soirée… J’avais pas prévu de m’enfoncer plus dans les rues, j’avais juste envie de me trouver de quoi miamer en route pour aller me poser chez moi par la suite. Mais les seuls gens que j’avais croisés avaient détourné le regard en voyant ma peau. Ils avaient chuchoté des trucs désagréables et j’ai fait un mouvement vers eux. Rien que ça et ils avaient détalés. A croire qu’ils auraient pu faire dans leur froc… Je veux bien manger, mais pas envie de me retrouver avec le caractère d’une poule mouillée le temps de la digestion !

Mais finalement je fus plus chanceux qu’espéré…. J’arrivais chez moi et commençais à bougonner des mots incompréhensibles. Quand soudain, dans une ruelle parallèle me parvinrent des bruits de conversations. Conversation plutôt animée… Jackpot ! Je m’engageais dans la ruelle pour découvrir quatre type entouré un joli brin de fille à la chevelure rose flashy. Ma petite Aby ! Ils avaient l’air de pas être là pour faire les sympathiques… Mais lorgnaient un peu trop sur ma pote…
J’avais empoigné mes chaînes et les fis fouetter l’air. Elles vinrent s’écraser contre la nuque d’un premier type et j’eus un large sourire en entendant le craquement malsain de son cou : « Oops ! » Déjà les gars se tournaient vers moi et j’enroulais ma chaîne autour de mon poing, m’en faisant un poing américain. « C’est pas beau d’embêter les demoiselles ! » Un second se jeta sur moi, plus agile, souple et sacrément habitué à la baston, je l’évitais, me redressant rapidement en abattant mon poing dans son gros pif. Et de deux dans les vapes. Je regardais alors Aby alors que les deux autres ne savaient trop quoi faire : « Et bien alors Princesse ? On arrive plus à se défendre toute seule ? » Me moquais-je gentiment en lui adressant un clin d’œil taquin.

C’était une sacrée surprise de tomber sur Aby alors que je pensais que j’allais me faire chier toute ma soirée. Je pouvais pas trouver mieux pour m’occuper et me distraire. Surtout qu’elle avait pris la peine d’emmener le dîner avec elle ! Quatre lourdauds chiants au possible aux voix grasses et lourdes, le genre de voix qui te fait lever les yeux au ciel même quand il s’agit de s’excuser. Je ne me fis donc pas prier pour m’en prendre à eux. Tuer sans perdre son sang-froid, ça en fit vriller plus d’un. Ça leur fait toujours ça. Après tout, ils pensent que je vais me mêler de la chose et me tenter à quelques coups, mais qui penserait être forcément tombé sur un tueur ? J’adore les regards effarés qu’on me jette quand on se rend compte que j’y vais pas de main morte et que je ne panique pas non plus lorsque les corps inertes tombent au sol. Au contraire, c’est plus excitant qu’autre chose !

J’eus un rire à sa réponse, regardant Aby à l’œuvre, se chargeant des deux autres types. Je la regardais jouer avec un petit sourire amusé, j’en vins presque à regretter d’avoir tué aussi rapidement mes miens. J’avais encore envie de jouer… Décidément je ne sais pas prendre soin de ces repas ambulants… La prochaine fois je tenterais de me retenir. Mais bon, ils me font toujours perdre patience à sentir aussi bon aussi ! Pas de ma faute non plus s’ils sont alléchants. Oui, même les connards de première qui n’ont rien de grands futés, mais plutôt de types des plus pathétiques. Bref. Un cerveau reste un cerveau !

Rapidement les corps s’entassèrent et Aby me demanda ce qu’on faisait agitant ses sacs de course sous mon nez. « Mon appart est à deux pas, on sera mieux installés là-bas, puis si on nous choppe avec ses loques on va nous faire chier. Ça me gênerait pas de tuer un poulet ou deux mais bon… » L’idée n’est pas non plus de trop attirer leur attention.
Je me penchais donc sur les corps et à l’aide d’une lame commençais à ouvrir leur crâne pour sortir la seule chose qui nous intéresse vraiment. Leur cervelle. J’en fis de même pour chaque, me léchant les doigts à chaque fois, faisant goûter Aby en tendant un index imbibé de sang ou de quelques morceaux de cervelets. Bientôt, les 4 cerveaux étaient extraits et je les trimballais dans un sac qui ne donnait pas envie. Plein de sang. Avant de quitter la ruelle je pris soin d’exploser le crâne de chacun des chieurs avant de les jeter dans un container et d’y mettre le feu. Ici c’est tellement le bordel et mal fréquenté qu’on s’inquièterait pas d’une poubelle en feu. Ni de l’absence de pourris de ce genre.

On arrivait chez moi, au-dessus du tattoo shop et je déposais les cerveaux sur le plan de travail de ce qui me servait de cuisine. « Je te laisse préparer tout ça, pas que j’aime pas le sang, mais là ça sèche donc plus aucun intérêt… » Tout le trajet je m’étais amusé à lécher les gouttes de sang sur mes bras suite à l’extraction des cervelles, les regards s’étaient plus d’une fois détournés. Mais qui se serait douté que c’était du sang ? Du vrai ? Vu ma gueule les gens pensent que je vis Halloween H24. Sont cons les gens sérieux…
Je me débarbouillais et rejoins Aby : « Au fait, ils ont fait quoi pour que t’ai envie de les bouffer tous les quatre ces tarés ? »