Caché dans les buissons, juste devant chez lui, j’observais attentivement mes parents et ma petite sœur. Personne ne savait ce que j’étais devenu et même si je voyais bien le chagrin sur le visage de ma mère, sur celui de mon père, je ne voyais absolument rien qui m’indique qu’il regrettait ce qu’il avait fait. Après tout, c’était entièrement de sa faute si je m’étais retrouvé dans la rue ce soir-là, si j’avais été obligé de me trouver un lieu pour dormir, que je m’étais fait agressé en pleine nuit et surtout… si j’avais été obligé de tuer la seule personne qui pouvait m’aimer sur cette fichu planète. A la pensée de mon ex petit copain décédé, un frisson me parcourt tout le corps et je détourne le regard de ma sœur qui montrait un dessin à notre mère. Pourquoi ? La question revenait si souvent, mais je n’avais toujours aucune réponse à ça. Quel merdier. Si mon père avait eu un tant soit peu d’indulgence en rapport avec mon orientation sexuelle, peut être que cette fille ne m’aurait jamais attaqué, peut être que j’aurais pu vivre tout à fait normalement, mais non, il avait joué au con et ma mère avait beaucoup trop peur de lui pour se mettre en travers de ses décisions.

Je regardais ma montre, il était assez tard, si je voulais me lever pour aller travailler un peu, ce serait l’idéal que de rentrer. Je vis chez mon ex… personne ne se doute encore qu’il n’est plus de ce monde, autant dire qu’il n’avait personne de proche, ce qui était un avantage mais triste. C’est pour ça que je l’aimais, il faisait avec et était très débrouillard. Il me manquait, c’était affreux… Je pris donc la route, faisant attention que personne ne me voit. Sauf que ma tranquillité eut un énorme raté lorsque j’entendis quelqu’un me parler, les mains dans les poches, je retourne légèrement la tête en reconnaissant cette voix et reconnais évidemment Tobias lorsque mes iris bleu se posent sur lui. Il ne pouvait pas me laisser tranquille décidemment ? C’était plus fort que lui, il fallait qu’il vienne me faire chier ? D’habitude je ne suis pas comme ça envers les gens, je suis même plutôt sociable mais depuis ce qui m’est arrivé… depuis ma transformation en cette espèce de monstre, je ne veux faire du mal à personne, sauf que je n’y arrive pas. Et Tobias a l’air de bien s’amuser à me faire céder. Peut-être que lui s’est habitué à sa nature mais moi il est hors de question d’apprécier ce que je suis ! J’ai tué l’homme que j’aimais à cause de ça, plus rien ne sera comme avant. En voyant son sac s’agiter devant moi, je comprends tout de suite de ce qu’il s’agit et je fais une moue qui ressemble plus à une grimace, reposant mon regard sur lui.

-Non merci Tobias, je n’ai pas faim. Qu’est-ce que tu veux ? Tu n’as personne d’autres avec qui manger ton truc ?

Ce mec est un vrai pot de colle, je ne comprends pourquoi il reste là, alors que je lui fais bien comprendre que je ne veux pas le voir, mais il est là, à mon grand désespoir. Il ne faut pas s’étonner aussi si je reste chez moi.